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Le musulman modere, en France?Reader comment on item: Frontpage Interview: Daniel Pipes Submitted by dominique Hunter (United States), Dec 18, 2003 at 12:13 Cher Daniel Pipes,Je suis une fan, de tous vos commentaires, meme s'ils sont durs. Ils sont toujours justes. Pour une "humaniste" telle que moi - j'ai toujours deteste les appartenances politiques, j'aime pouvoir apprecier ou ne pas apprecier qui se ce soit de la droite a la gauche (mais jamais les extremistes) il est des fois ou vos paroles sont comme une gifle parce qu'elles desintellectualisent le debat, ce qui est a la fois essentiel a la verite, et douloureux. Anyway. Je suis francaise, et "fallen" catholique, comme on dit si bien en anglais! Je n'ai pas d'alliance a quelque tribu que ce soit, meme si la votre me bouleverse le coeur. J'aime Israel, Israel est essentielle au monde, a la lumiere humanitaire et civilisee de ce dit monde. Votre tribu, Monsieur Pipes, paiera toujours le prix pour oser etre le "pere" de notre civilisation. Votre tribu nous a apporte Dieu, literalement, et le reste des hommes en conversent un complexe d'Oedipe. Les hommes veulent toujours, quelque part, tuer leur pere, non? Oh well, I am straying. Ce qui suit devrait vous interesser parce que ce texte exemplifie ce que vous decrivez as "moderate muslims." Tahar Ben Jellou est un poete/ecrivain Marocain qui vit a Paris depuis des annees. He is a good man. I am more sensitive to somoeone like Amos Oz but then again, I can't be partial given that I would have liked to belong to your tribe. Mais j'aime a penser que je suis une "realiste," une pragmastiste. The islamist danger is inside France, inevitably. It's very, very scary because I do believe that it's there, in my France, that you'll find the firsts steps of a war of civilisations. And I am afraid that they are just "babysteps!" Comme en Israel, la population arabe fait la revolution "au lit." Ce qui veut dire que demographiquement, d'ici quelques dizaines d'annees ..... Mais lisez, plutot. C'est tres courageux comme bilan et constat. la prison arabe « L'islam ne saurait être une identité ni surtout un moteur d'évolution vers la modernité et vers la reconnaissance de l'individu » -------------------------------------------------------------------------------- par Tahar Ben Jelloun En lisant le livre de Jean Daniel «la prison juive», je n'ai cessé de penser au monde arabe et au processus de décadence dans lequel il s'est lentement installé, décadence devenue sa prison, son malheur et son destin. Le monde arabe est une idée fabriquée par des nationalistes sans doute sincères mais si peu cohérents et si peu démocrates. C'est une idée qui ne correspond pas à la réalité. Qu'ont-ils de commun ces millions d'arabes? Des systèmes politiques à la légitimité contestable, des échecs intérieurs, une succession de défaites, la fuite de cerveaux et une langue classique parlée par les seuls intellectuels souvent éloignés du peuple. Il y a bien sûr l'islam. C'est vrai, c'est un point commun, vécu sur des modes qui varient, allant de la modération au fanatisme et à l'obscurantisme. Mais l'islam ne saurait être une identité ni un moteur d'évolution vers la modernité, vers la reconnaissance de l'individu et l'égalité des droits entre l'homme et la femme. L'islam devrait être dans les coeurs, pas dans la scène politique. Ce monde arabe existerait le jour où il serait uni, non par l'irrationnel religieux ou par la passion obscure, non par les litanies soporifiques des belles chansons d'Oum Kalsoum, mais uni par un projet économique sérieux, une monnaie unique, uni par une absence de frontières et de visas, par le libre exercice de la démocratie avec ses exigences, ses vertus et ses faiblesses. Donc, soyons modestes et lucides, commençons par reconnaître nos déchirures, nos trahisons, nos incompétences. Avant d'accuser les autres, faisons le ménage dans nos maisons et essayons d'être dignes de ceux qui ont porté la langue et la culture arabes à l'apogée des civilisations. Une glorieuse parenthèse entre le ixe et le xie siècle! la prison arabe a été édifiée sur une rhétorique lancinante qui évite de nommer les choses, de chercher l'origine de la défaite, sur des mots, des phrases, des clameurs, des larmes et des applaudissements stupides; une montagne de discours creux où les espérances des populations ont été trahies sans vergogne. Les murs de cette prison sont invisibles, ils sont intérieurs et empêchent l'esprit de s'émanciper, d'avoir des audaces. Alors que la prison juive viendrait de la relation qu'ont les juifs avec leurs mythes rendant aujourd'hui difficile la fidélité à l'Election et à l'Alliance, celle des arabes n'a même pas l'alibi d'une métaphysique qui se référerait à une lecture exigeante de leur histoire, ni même une interprétation particulière du texte coranique. Comme l'a fait remarquer l'historien marocain Abdallah laroui dans «l'Idéologie arabe contemporaine» (1967), «depuis trois quarts de siècle les arabes se posent une seule et même question: "Qui est l'autre et qui est moi?"». L'autre des arabes, c'est l'Occident. Une fois ce constat défini, ils ne l'ont pas dépassé. D'où leur retard, où la fascination de cet Occident se mêle à son refus, que des extrémistes traduisent par la haine et le racisme. On pourrait dater l'entrée dans la décadence bien avant la création de l'Etat d'Israël, remonter aux différentes colonisations, ottomane, britannique, française. Le monde changeait et les arabes s'imaginaient hors d'atteinte laissant tranquillement passer les différents trains de la modernité. En 1952, des officiers égyptiens dits «libres» donnent le signal d'un sursaut. Ils balayent la monarchie, promettent l'unité des Etats arabes puis sombrent dans le totalitarisme du parti unique, réprimant toute opposition. Le ton est donné. L'Irak assassine son roi. Une succession de règlements de compte barbares entre prétendants s'ensuivra. Le Maghreb se réveille et réclame son indépendance. Tout l'espoir de la région est placé dans la lutte des Algériens. On connaît la suite. Après Ben Bella, l'ère Boumediene a apporté le ciment nécessaire pour ériger une prison aux larges murailles. Le Libyen Kadhafi lui emboîte le pas et se prend pour le justicier du monde arabo-musulman. En payant récemment des sommes fabuleuses aux familles des victimes des attentats commis par ses services, il a été absous au lieu d'être jugé pour ses crimes. On sait comment Saddam Hussein apportera lui aussi sa dalle à l'édifice carcéral. Quant aux monarchies du Golfe, le pétrole est leur prison. Le rapport 2003 du Pnud sur le monde arabe est accablant: taux d'analphabétisme le plus élevé du monde; les livres publiés dans le monde arabe (dont 17% sont religieux) ne représentent que 1,1% de la production mondiale; la Grèce (11 millions d'habitants) traduit cinq fois plus d'ouvrages par an que l'ensemble des pays arabes (284 millions d'habitants), absence totale de recherches scientifiques ; best-sellers ne dépassant pas les 5000 exemplaires, le tout accompagné de la progression de la religion en place de la pensée critique. On a cru un moment que la question palestinienne, en raison de ses complexités et de ses contradictions, allait permettre aux arabes de «naître réellement à l'histoire» (Abdallah laroui), mais, là aussi, ils rateront plusieurs rendez-vous de l'histoire, traiteront en 1965 par le mépris et l'insulte le courageux discours de Bourguiba qui les pressait de laisser les Palestiniens revenir au plan de partage adopté par l'ONU en 1948. Après des années et des années où ils ont été instrumentalisés par les stratégies des régimes arabes, voici qu'un plan de paix négocié dans le secret à Genève prouve que les Palestiniens ont compris qu'ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes et sur l'évolution de la société israélienne. L'espoir d'ouvrir enfin une belle porte dans les murs de la prison arabe. Né à Fès en 1944, Tahar Ben Jelloun a suivi des études de philosophie. Il a publié une douzaine de romans dont «la Nuit sacrée» (prix Goncourt 1987), des poèmes réunis dans «Poésies complètes» (1995, Seuil); «le Racisme expliqué à ma fille» et «l'Islam expliqué aux enfants» au Seuil. Dernière parution:«Amours sorcières» (Seuil, 2003).
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